Nous devons préserver les lieux de la création‚ les lieux du luxe de la pensée‚ les lieux du superficiel‚ les lieux de l’invention de ce qui n’existe pas encore‚ les lieux de l’interrogation d’hier‚ les lieux du questionnement. Ils sont notre belle propriété‚ nos maisons‚ à tous et à chacun. Les impressionnants bâtiments de la certitude définitive‚ nous n’en manquons pas‚ cessons d’en construire. La commémoration elle aussi peut être vivante‚ le souvenir aussi peut être joyeux ou terrible. Le passé ne doit pas toujours être chuchoté ou marcher à pas feutrés. Nous avons le devoir de faire du bruit.
Nous devons conserver au centre de notre monde le lieu de nos incertitudes‚ le lieu de notre fragilité‚ de nos difficultés à dire et à entendre. Nous devons rester hésitants et résister ainsi‚ dans l’hésitation‚ aux discours violents ou aimables des péremptoires professionnels‚ des logiques économistes‚ les conseilleurs payeurs‚ utilitaires immédiats‚ les habiles et les malins‚ nos consensuels seigneurs.