« ÔTE TOI DE MON SOLEIL… »

par Rero

du 6 avril au 31 mai 2018

> Vernissage le 6 avril à 19h30 > Rencontre avec l’artiste RERO jeudi 5 avril à 20h

« Dans le cadre de son installation au Grand Cordel MJC, [Rero] souhaite questionner le sentiment de violence que nous avons tous en nous et comment la culture et les mots que nous employons peuvent nous permettre d’acquérir une certaine paix à la fois intérieure mais aussi face aux autres. Pour se faire, [il] propose une installation immersive qui représente une forme de synthèse de ses recherches sur la communication non-violente mise en place par Marshall B. Rosenberg […], confrontée au philosophe de rue, Diogène, personnage pour le moins radical. » Entrée libre

Rero est un artiste français né en 1983. Il a étudié le design graphique au London College of Communication. Aujourd’hui, il vit et travaille entre Paris et Rio de Janeiro. Ses œuvres s’exposent dans l’espace urbain comme au sein de musées tel que le Centre Pompidou à Paris, se rattachant à la fois à l’art urbain et à l’art conceptuel. L’art de Rero est reconnaissable à ses textes en noir barrés d’une ligne noire située sur le haut des lettres.

L’artiste utilise la ligne noire pour provoquer un oxymore. Par définition, l’oxymore est une figure de style qui permet de placer l’un à côté de l’autre deux mots que leur sens devrait éloigner, par exemple «  une obscure clarté » (Pierre Corneille). Pour Rero, il s’agit d’affirmer une idée et en même temps son contraire. Il utilise la typographie Verdana créée par Matthew Carter pour écrire ses textes car elle est à la fois répandue et impersonnelle. Elle n’est pas connotée à un usage, contrairement à l’exemple de la typographie Times New Roman créé pour un journal et toujours très utilisée dans les livres. Elle marque également la neutralité de l’individu, et en l’occurence celle de l’artiste, derrière l’écriture informatique.

 

L’exposition Ôte-toi de mon soleil apparaît comme la synthèse des recherches de l’artiste pour répondre à la problématique : Comment faire cohabiter deux concepts opposés ? À travers ce thème, Rero questionne la place de la culture et des mots pour nous permettre de combattre le sentiment de violence. Il convoque deux philosophies qui semblent s’opposer, celle de Diogène (le cynisme) et l’autre de Marshall Rosenberg (la communication non violente), pour démontrer que l’humain peut faire preuve de non violence tout en continuant à lutter avec humanité et dignité. Ces deux philosophies illustrent également la problématique dans laquelle se trouve l’art urbain (qui s’expose aujourd’hui dans des centres d’arts) et plus largement les néologismes faisant cohabiter deux concepts qui paraissent opposés de prime abord : le commerce équitable, la sobriété heureuse, la décroissance positive, etc.

 

Diogène de Sinope

Philosophe grec de l’Antiquité, le plus célèbre représentant de l’école cynique (école philosophique enseignant la désinvolture et l’humilité). Il vivait dehors, vêtu d’un manteau, muni d’un bâton, d’une besace et d’une écuelle. Sa philosophie prônait une vie simple et proche de la nature en abandonnant tous les artifices des conventions sociales. En effet, il avait des écrits assez virulents voir scandaleux, s’attaquait à de nombreuses valeurs de la cité et revendiquait entre autres : l’égalité homme/femme, la liberté sexuelle totale, la négation du sacré, la remise en cause de la cité et de ses lois, la suppression des armes et de la monnaie, l’autosuffisance, l’indifférence à la sépulture.

 

« Ôte-toi de mon soleil »

Le titre de l’exposition fait référence à la rencontre entre Diogène de Sinope et Alexandre Le Grand, roi de Macédoine et l’un des plus grand conquérant de l’histoire. Leur rencontre est retranscrite au sein de l’œuvre Vies des philosophes livre VI de Diogène Laërce, lorsque Alexandre Le Grand demanda au philosophe :

– Demande-moi ce que tu veux, je te le donnerai.
– Ôte-toi de mon Soleil.
– N’as-tu pas peur de moi ?
– Qu’es-tu donc ? Un bien ou un mal ?
– Un bien.
– Qui donc pourrait craindre le bien ? »

 

« Je caresse ceux qui me donnent (…) »

L’une des deux phrases présente sur le sol de la salle d’exposition est issue de la rencontre entre Diogène et le roi Alexandre. Ce dernier se présente sous son titre de souverain alors que le philosophe se présente comme un animal :

– Je suis le grand roi Alexandre.
– Et moi je suis Diogène, le chien. Parce que je caresse ceux qui me donnent, j’aboie contre ceux qui ne me donnent pas, et je mords ceux qui sont méchants. »