
©Richard Louvet
Ça commence par une envie de faire avec ce qui est ici. Et avec qui est ici. Ici il n’y a pas de théâtre, mais le théâtre, le récit, les mots peuvent se faire partout. Du moment qu’on est prêt à arpenter le quartier. Qu’on est prêt pour la rencontre.
Ça commence par un groupe d’artistes, invité·es par Le Grand Cordel MJC, qui se rencontrent un soir de décembre pour se raconter ce qu’ils et elles font, ce qu’ils et elles feront en mars. Autour de cette table, on se rend compte, au récit de chacun·e, que des liens se tissent. Des liens de sens ou des liens sensibles. Des coïncidences. Autour de la table, on découvre que coïncidence vient de cum qui signifie « avec », « ensemble » et de incidere qui signifie « advenir », « se produire ». Une bonne définition de ce qui se prépare : œuvrer à advenir avec.
Ici coïncideront une drag queen, des grandes femmes oubliées, un chanteur qui se questionne sur ce que c’est qu’être chanteur, une metteuse en scène qui a repoussé la scène, une héroïne de roman qui contamine des acteurs, une poétesse queer qui mêle plaisir sexuel, politique et expérimentation littéraire, une compagnie de théâtre tout terrain. Ils et elles se sont découvertes plus de points communs qu’ils ne le pensaient. Les récits, les corps, les langues traversent leurs expériences. Ces récits, ces corps, ces langues vont se faire inviter dans des lieux du quartier.
S’aventurer dans les Parcours d’ici, c’est entrer chez l’autre. C’est pousser une porte inconnue et y découvrir un univers. C’est être accueilli dans des murs et dans une histoire, et assister (participer ?) à ce dialogue entre les lieux et les vivant·es. C’est accepter qu’on ne sache pas, avant que la rencontre ait lieu, où elle nous mènera. Ce qu’elle bougera en nous.
C’est faire en sorte, enfin, que la rencontre dans ce qu’elle a de plus riche ne finisse jamais de commencer.
Gaël Le Guillou-Castel
– Artiste en résidence au Grand Cordel MJc avec la Caravane Cie –